Certains auteurs et certains théologiens pensent que le fait d’être totalement indemne du péché porterait atteinte à la liberté de Marie et à sa possibilité de refus lors de l’Annonciation.
Cette optique relève d’une notion de la liberté relativement superficielle. La liberté ne suppose pas de pouvoir choisir entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, la vie et la mort. Elle n’implique pas le pouvoir de faire le mal. C’est au contraire le péché qui nous rend esclave, qui nous enchaîne – tel une drogue dure dont nous sommes accros, dépendants. Il limite, et même jugule, notre liberté. Jean-Paul II, lors de son pèlerinage à Lourdes – dernier de son existence - l’a bien mis en valeur :
« La Vierge a un message pour tous : soyez des femmes et des hommes libres ! Mais rappelez-vous : la liberté humaine est une liberté marquée par le péché. Elle a besoin elle aussi d’être libérée. Christ en est le libérateur, Lui qui "nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres" (Ga 5,1). Défendez votre liberté ! Chers amis, pour cela nous savons que nous pouvons compter sur Celle qui, n’ayant jamais cédé au péché, est la seule créature parfaitement libre. Marchez avec Marie sur les chemins de la pleine réalisation de votre humanité ! »
Sa liberté a été libérée !
La grâce ne supprime pas la liberté humaine, elle la crée. La liberté est avant tout un don gratuit de Dieu. La plus royale des libertés est celle d’une âme totalement ouverte à Dieu, totalement disponible et docile à ses désirs. Marie est pure et libre comme Ève avant de succomber. Sa pureté, c’est sa liberté. Et cette liberté est la source de sa joie.
« La vérité vous rendra libres » (Jn 8,32) : Marie est totalement vraie avec Elle-même, vraie avec Dieu. Elle nage dans la Vérité divine. Elle est toute baignée de la pure lumière de la Vérité. Et cette Vérité ne cesse, non pas de la libérer, comme pour nous, mais de la faire demeurer dans la liberté.
C’est ainsi que le « Oui ! Amen ! » de Marie à l’Ange, est le prolongement et l’expression du « Oui ! Amen ! » que le Fils lance vers son Père de toute éternité, en toute actualité. Ce Fils en qui « il n’y a que le OUI » (2 Co 2,20). Lui qui est l’AMEN fait chair. N’est-ce pas cela la royale liberté des enfants de Dieu, des petits princes que nous sommes, et devons encore devenir ?