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       Messieurs les juges de l’Eglise, entre quatre yeux : pensez-vous parfois à votre à-venir ? Préparez-vous votre futur ? Prenez-vous des assurances pour votre après mort ? Mesurez –vous les risques de votre imprévoyance sinon de votre inconscience ? L’ultime voyage risque alors d’être un terrible parcours du combattant, une varappe sans cordée pour atteindre le sommet de lumière. Quelle cordée ? L’Eglise ! Encore et toujours elle !

 

          Eglise ! Ô mon amour ! ô ma joie !

 

       Bref, l’Église est vraiment le Royaume de Dieu déjà parmi nous, mais comme  l’est l’ébauche d’un chef d’œuvre« à l’état pérégrinal et crucifié », (Cardinal Journet). Mais bel et bien le Royaume ! Malgré tout ! Envers et contre tout ! Quoi qu’on en dise. Quoiqu’on en pense.

 

           Mais surtout là où elle brille le plus, c’est en sa zone céleste, déjà resplendissante de la gloire même de son Époux et de son Roi en ses saints, ces chefs-d’œuvre de l’Esprit, en qui le sang de Jésus a porté tout son fruit. Son fruit, en qui l’humanité atteint la plénitude de sa beauté : homme et femme – enfin ! enfin ! - pleinement accomplis.

 

          Et cette Eglise, on voudrait la dynamiter à cause des péchés de ses pauvres membres qui (trop) lentement croissent en sainteté ?

 

  

            Clore en l’affirmant : aucune persécution, aussi longue et violente soit-elle ne peut garder l’Eglise dans les catacombes plus de quelques décades, parce qu’aucune pierre n’a pu garder le Corps de Jésus sous la terre plus de quelques heures. L’expérience toute récente de la libération des pays du « bloc – Est » en est une preuve fulgurante. N’est-elle pas l’Eglise du Ressuscité, du  seul grand vainqueur.

 

            Notre idéologie occidentale érige un mur de béton entre Dieu et l’homme, entre la société et l’Eglise : il s’écroulera à son tour. Car aucune civilisation ne peut se construire sur le mensonge.[4] . «  Les peuples passent. Les trônes s’écroulent, l’Eglise demeure  » (Napoléon !) Les systèmes économiques, les régimes politiques, les manœuvres tactiques contre elle, quittent la scène les uns après les autres. L’Eglise continue son chemin. Dieu lui-même ne l’a-t-il pas promis ? Tu en doutes ? «  Les portes de l’enfer (les forces de la mort) ne prévaudront pas contre elle ». (Mt 16,18). Qui a osé l’affirmer ? Dieu en personne.

 

            Car finalement, l’Eglise n’est –elle pas éternelle ?Sans commencement : la Trinité est son nucleus originel, immortel. Sans fin : elle subsistera au Ciel, immortelle.

 

            Et dès maintenant, l’immense partie de l’Eglise est déjà au Ciel. Ce que nous en voyons sur terre : la minuscule émergence de l’iceberg.

 

            Alors, cette Eglise, fragile, et immortelle, vulnérable et glorieuse, pécheresse et sainte, si faible et tellement belle en sa fragilité même, qui m’arrachera le droit de l’aimer ?

 

            Cette Eglise, celle de Dieu et la nôtre, et la mienne, celle des saints et des pécheurs en voie de divinisation dont je suis, celle que le Père aime du même amour dont il aime son Fils, celle pour qui Jésus verse son sang pour sans cesse l’embellir, celle que l’Esprit éclaire, soutient et guide tout au long de son pèlerinage sur terre. Celle dont Marie est et l’Enfant, et la Maman et la Reine. L’enfant sur terre. La Reine au Ciel. Celle que je veux regarder comme Jésus et la contempler comme les Anges. Oui, je veux l’aimer comme l’aiment Marie et les saints.

 

            Oui, comme elle est belle, notre Église! N’en n'es-tu pas heureux et fier ? En voudrais-tu vraiment une autre ?

 

 

            Cette Eglise dont si souvent je souille le visage, mais qui ne cesse de me donner la pure beauté de Jésus. Cette Eglise dont les membres me déçoivent parfois, mais qui me transfuse la joie même de Dieu. Cette Eglise dont tel membre me fait pleurer, mais dont l’ensemble me fait danser. Cette Eglise qui me donne le Consolateur par excellence, je veux lui murmurer aujourd’hui :

 

            «  Merci d’exister ! Je suis fier de toi ! Fier de l’Esprit dont tu es le chef-d’œuvre ! Fier des saints, ces héros de l’humanité que tu as mis au monde. Tu es ma joie : n’es-tu pas la Joie de Dieu.

 

            « O Eglise, mon amour ! »[5]

 

  

 

Rome, 3 Juin 2010

Fête du Corps du Seigneur

sur la tombe de Jean-Paul II

 

 

 

[1] . Tant de prêtres de mes amis, au Rwanda, ayant payé de leur vie leur fidélité jusqu’au bout de l’amour. Tant de prêtres, victimes de leur charité divine jusqu’à l’ultime instant . Voir mon article : Rwanda, des pardons miraculeux !  France Catholique, 8 . 4.2009

 

[2] . Lire le très beau texte de mon frère Mansour Labaky : «   Que serait le monde sans les prêtres ? «   In, Fce Catho, Mai 010. François d’Assise affirmait que lorsqu’il rencontrait un pauvre prêtre notoirement pécheur, il se mettait à genoux, implorant sa bénédiction, et baisait ses mains consacrées, reconnaissaient en lui le sacerdoce même de Jésus à lui donné pour l’éternité.

 

[3] . Ceux qui se font à la légère «  débaptiser », comme si c’était possible (du côté de Dieu, ils restent éternellement leur  petits enfants), prennent des risques terribles : ils refusent d’avance cette douce consolation, source d’une paix céleste, qu’est un encièlement ecclésial, c'est-à-dire une mise au monde de Dieu, dans les bras d’une maman.

 

[4] . Voir mon article sur ce courageux résistant : le Père J. Popieluszko, béatifié ce 6 juin.

 

[5] . Exclamation jaillie du cœur du Cardinal Mindzenty de Hongrie en plein procès stalinien où il était drogué pour le rendre incohérent. Lire le splendide texte du Cardinal de Lubac, au moment même où il était suspecté par le «  Saint Office » de l’époque, in mon «  Eglise , ô ma joie », p 231-234.

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       Messieurs les juges de l’Eglise, entre quatre yeux : pensez-vous parfois à votre à-venir ? Préparez-vous votre futur ? Prenez-vous des assurances pour votre après mort ? Mesurez –vous les risques de votre imprévoyance sinon de votre inconscience ? L’ultime voyage risque alors d’être un terrible parcours du combattant, une varappe sans cordée pour atteindre le sommet de lumière. Quelle cordée ? L’Eglise ! Encore et toujours elle !

 

          Eglise ! Ô mon amour ! ô ma joie !

 

       Bref, l’Église est vraiment le Royaume de Dieu déjà parmi nous, mais comme  l’est l’ébauche d’un chef d’œuvre« à l’état pérégrinal et crucifié », (Cardinal Journet). Mais bel et bien le Royaume ! Malgré tout ! Envers et contre tout ! Quoi qu’on en dise. Quoiqu’on en pense.

 

           Mais surtout là où elle brille le plus, c’est en sa zone céleste, déjà resplendissante de la gloire même de son Époux et de son Roi en ses saints, ces chefs-d’œuvre de l’Esprit, en qui le sang de Jésus a porté tout son fruit. Son fruit, en qui l’humanité atteint la plénitude de sa beauté : homme et femme – enfin ! enfin ! - pleinement accomplis.

 

          Et cette Eglise, on voudrait la dynamiter à cause des péchés de ses pauvres membres qui (trop) lentement croissent en sainteté ?

 

  

            Clore en l’affirmant : aucune persécution, aussi longue et violente soit-elle ne peut garder l’Eglise dans les catacombes plus de quelques décades, parce qu’aucune pierre n’a pu garder le Corps de Jésus sous la terre plus de quelques heures. L’expérience toute récente de la libération des pays du « bloc – Est » en est une preuve fulgurante. N’est-elle pas l’Eglise du Ressuscité, du  seul grand vainqueur.

 

            Notre idéologie occidentale érige un mur de béton entre Dieu et l’homme, entre la société et l’Eglise : il s’écroulera à son tour. Car aucune civilisation ne peut se construire sur le mensonge.[4] . «  Les peuples passent. Les trônes s’écroulent, l’Eglise demeure  » (Napoléon !) Les systèmes économiques, les régimes politiques, les manœuvres tactiques contre elle, quittent la scène les uns après les autres. L’Eglise continue son chemin. Dieu lui-même ne l’a-t-il pas promis ? Tu en doutes ? «  Les portes de l’enfer (les forces de la mort) ne prévaudront pas contre elle ». (Mt 16,18). Qui a osé l’affirmer ? Dieu en personne.

 

            Car finalement, l’Eglise n’est –elle pas éternelle ?Sans commencement : la Trinité est son nucleus originel, immortel. Sans fin : elle subsistera au Ciel, immortelle.

 

            Et dès maintenant, l’immense partie de l’Eglise est déjà au Ciel. Ce que nous en voyons sur terre : la minuscule émergence de l’iceberg.

 

            Alors, cette Eglise, fragile, et immortelle, vulnérable et glorieuse, pécheresse et sainte, si faible et tellement belle en sa fragilité même, qui m’arrachera le droit de l’aimer ?

 

            Cette Eglise, celle de Dieu et la nôtre, et la mienne, celle des saints et des pécheurs en voie de divinisation dont je suis, celle que le Père aime du même amour dont il aime son Fils, celle pour qui Jésus verse son sang pour sans cesse l’embellir, celle que l’Esprit éclaire, soutient et guide tout au long de son pèlerinage sur terre. Celle dont Marie est et l’Enfant, et la Maman et la Reine. L’enfant sur terre. La Reine au Ciel. Celle que je veux regarder comme Jésus et la contempler comme les Anges. Oui, je veux l’aimer comme l’aiment Marie et les saints.

 

            Oui, comme elle est belle, notre Église! N’en n'es-tu pas heureux et fier ? En voudrais-tu vraiment une autre ?

 

 

            Cette Eglise dont si souvent je souille le visage, mais qui ne cesse de me donner la pure beauté de Jésus. Cette Eglise dont les membres me déçoivent parfois, mais qui me transfuse la joie même de Dieu. Cette Eglise dont tel membre me fait pleurer, mais dont l’ensemble me fait danser. Cette Eglise qui me donne le Consolateur par excellence, je veux lui murmurer aujourd’hui :

 

            «  Merci d’exister ! Je suis fier de toi ! Fier de l’Esprit dont tu es le chef-d’œuvre ! Fier des saints, ces héros de l’humanité que tu as mis au monde. Tu es ma joie : n’es-tu pas la Joie de Dieu.

 

            « O Eglise, mon amour ! »[5]

 

  

 

Rome, 3 Juin 2010

Fête du Corps du Seigneur

sur la tombe de Jean-Paul II

 

 

 

[1] . Tant de prêtres de mes amis, au Rwanda, ayant payé de leur vie leur fidélité jusqu’au bout de l’amour. Tant de prêtres, victimes de leur charité divine jusqu’à l’ultime instant . Voir mon article : Rwanda, des pardons miraculeux !  France Catholique, 8 . 4.2009

 

[2] . Lire le très beau texte de mon frère Mansour Labaky : «   Que serait le monde sans les prêtres ? «   In, Fce Catho, Mai 010. François d’Assise affirmait que lorsqu’il rencontrait un pauvre prêtre notoirement pécheur, il se mettait à genoux, implorant sa bénédiction, et baisait ses mains consacrées, reconnaissaient en lui le sacerdoce même de Jésus à lui donné pour l’éternité.

 

[3] . Ceux qui se font à la légère «  débaptiser », comme si c’était possible (du côté de Dieu, ils restent éternellement leur  petits enfants), prennent des risques terribles : ils refusent d’avance cette douce consolation, source d’une paix céleste, qu’est un encièlement ecclésial, c'est-à-dire une mise au monde de Dieu, dans les bras d’une maman.

 

[4] . Voir mon article sur ce courageux résistant : le Père J. Popieluszko, béatifié ce 6 juin.

 

[5] . Exclamation jaillie du cœur du Cardinal Mindzenty de Hongrie en plein procès stalinien où il était drogué pour le rendre incohérent. Lire le splendide texte du Cardinal de Lubac, au moment même où il était suspecté par le «  Saint Office » de l’époque, in mon «  Eglise , ô ma joie », p 231-234.

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